Vol de moteur à Fort-de-France, Martinique

3 mars 2021 10 Par Domi MONTESINOS

L’escale de Fort de France, en Martinique, est-elle bien sûre?

Pas si sûr que ça. Grande vigilance recommandée car on peut s’y faire dépouiller…

« Ben, qu’est-ce qui lui arrive à celui-là ? »
C’est notre brave « Torpédo » électrique qui recommence à faire des siennes. Ça faisait longtemps que nous étions épargnés par les Désagréments moteurs

Sa carrière avait débuté sous le signe «balance » : un coup je fonctionne, un coup je déconne…
Et puis, les divinités électroniques avaient repris les choses des électrons en main, avec succès.
La garantie constructeur avait fonctionné et la machine était repartie du bon pied de biche, pour une durée indéterminable…

Et là, voilà t’y pas qu’après presque deux ans de bons et noyaux sevices (jamais compris cette expression), ris d’eau !

Je tourne le manche pour accélérer : gabonais absent !

Désagréments moteurs, mais, pour le moment, pas encore de vol

C’est ballot.
Surtout qu’on s’apprête à partir à l’épicerie voisine, afin d’y quérir le sirop de fraise indispensable à la composition de l’apéritif préféré de mon grand bébé : le fameux daïquiri-fraise.
N’importe quel néophyte en apéro est capable de comprendre que, dans ce breuvage, le côté « fraise » est absolument prépondérant.

Tout doit être en place pour recevoir la visite de Claire

J’ai omis de préciser que notre fille adorée arrive ce soir (un peu tard, mais bon, elle fait comme elle peut).
Elle va nous enchanter de sa présence trois jours durant.
La fête !
Mais, attention, il faut qu’elle ne manque de rien surtout. D’où l’importance de l’excursion/épicerie.

Hélas, c’est le moment que choisit notre, d’habitude vaillant, propulseur pour faire sa petite crise d’adolescence.

Un moteur de secours s’avère fort utile pour une annexe

Par bonheur (et peut-être aussi par expérience…), le cas a été prévu et un vecteur de mobilité alternatif a été envisagé (je m’essaye à causer «moderne »…).
En clair, nous avons acquis, suite à la précédente défaillance du « Torpédo », un modeste teuf-teuf deux-temps.
Cette machine, de conception assez primaire, attend son heure de gloire dans un coffre depuis bientôt deux ans.
Aussi pétaradante que polluante, je reconnais que je la boude depuis le jour de son arrivée à bord de la Lady.

Voici donc venu le moment de sa revanche.
En cette circonstance de Désagréments moteurs, je me trouve dans l’obligation de le gréer promptement, sans faire d’histoire.
L’opération me monopolise une bonne partie de l’après-midi.
La « bécane » en question n’ayant encore jamais eu l’honneur de mouvoir notre super annexe catamaran, quelques ajustements s’avèrent, hélas, nécessaires.
Scie sauteuse, disqueuse, perceuse, jeu de clés et pinces diverses dont l’énumération serait fastidieuse (déjà que…) et voilà enfin le dinghy catamaran opérationnel !

On croise beaucoup de malpolis dans les mouillages Caribéens

De retour de l’épicerie, muni des quelques ingrédients nécessaires à un accueil circonstancié, un nouveau désagrément vient, une nouvelle fois, égratigner notre bel optimisme, qui vacille quelque peu, sur le coup.

Jugez plutôt :
en notre absence, un guignol à voile est venu poser son ancre comme une bouse, au mauvais endroit.
Et à présent, son « bourrier » s’approche de la Lady à moins de cinq mètres…
Par comble de malchance, le bouffon qui en a la charge est un malotru qui nous fait rapidement comprendre qu’il ne bougera pas de là.
Il vient souvent ici, exactement à cet emplacement, et il considère donc que c’est là SA place !!! Son bateau bat pavillon de La Barbade (et nous sommes en Martinique).

Tout à la joie de l’arrivée imminente de Claire, je tente frénétiquement de positiver, mais cette succession d’incidents désagréables commence à me brouiller l’écoute de la bonne humeur.
Elle est prévue arriver à 20 h. Nous décidons d’attaquer un raisonnable apéro d’attente, une recette qui s’avère en général très efficace pour détendre un peu l’atmosphère.

Un antivol, c’est bien, surtout quand on possède la clé

Bientôt, pout, pout, pout, le pétaradant ustensile japonais pousse l’annexe catamaran jusqu’au quai et Claire va arriver dans dix minutes.
Je me hâte de mettre en place le câble antivol à l’aide de ce bon vieux cadenas qui nous accompagne depuis quelques années.
Sitôt verrouillé, à peine grimpé sur le quai, un genre de flash psychédélique et paralysant me frappe instantanément et me tétanise durant environ un dixième de seconde :
– « Mdr de mdr, j’ai oublié la clé » !!!

Et Claire nous a invités à dîner ensemble au restaurant…

Ce ne sera certes pas au retour de ce genre d’agapes que je serais en pleine forme pour résoudre ce petit malentendu…

Obligé de saboter mon propre cadenas

Soudain galvanisé par ce nouveau coup du sort, je décide de sectionner moi-même notre propre antivol avant l’arrivée de la mignonne, approximativement au coucher du soleil.
Grâce à ce merveilleux couteau suisse Victorinox (offert par Claire et Malou il y a plus de quinze ans),
avec seulement un quart d’heure de malaxage hystérique, le câble est déchiqueté et le dinghy libéré.

Justement, ça tombe bien, la Claire est en vue, de l’autre côté de la rue.

Retrouvailles chaleureuses avec notre fille Claire

Embrassades et rigolades sont les mamelles de ces retrouvailles heureuses avec les gens que j’aime
Maintenant qu’elle est avec nous, il ne peut plus nous arriver grand-chose.
Notre porte-bonheur est de retour. À nous la super bonne soirée !
Et nous dînons à l’Impératrice, place de la Savane, à Fort-de-France, dans la joie et la bonne humeur.

Sur le chemin du retour, un petit « lolo » dans le plus pur style antillais vient à nous tenter.
Alors, un petit rhum vieux, dégusté sous les parasols, au son de sympathiques musiciens locaux, achève de nous combler… Ambiance voyage autour du monde…

Plus tard, c’est sous la pluie diluvienne d’une abondante averse tropicale que nous rejoignons notre dinghy.
Les filles pressent le pas, cependant que je lambine, en m’abritant derrière le tronc d’un palmier des rigueurs de ce violent grain nocturne.

Minuit, sous la pluie, à Fort de France: on nous a volé le moteur!

Soudain, la voix de Malou déchire la nuit :
– « On nous a volé le moteur ! »

Elle sait être taquine, parfois. Spécialement lorsqu’elle est « associée » à notre grande chipie qui n’est pas la dernière pour les plaisanteries à incidences variables.

Hélas, la triste réalité ne les pousse pas à un excès de « poilade »…
– « Le moteur n’est plus là », confirme-t-elle, mi-dépitée, mi-énervée, mi-désespérée…

Par prudence, j’équipe toujours nos engins flottants de moyens de locomotion de secours.
En l’occurrence, la chance est de notre côté : on ne nous a pas piqué les avirons.

Quand la malchance persiste, c’est la poisse

Nous ne sommes donc pas des « poissards » irrémédiables, et ça, c’est quand même très rassurant.

Notre retour à bord ne mérite même pas d’être mentionné ici : un petit voyage totalement dépourvu de désagréments supplémentaires.

Allez, un dernier petit rhum vieux de débriefing et, au lit !

Claire, qui sait trouver les bons mots pour faire preuve de philosophie conclue ainsi :

  • « Mais papa, c’est une vraie chance pour toi. Tu ne l’as jamais aimé ce moteur… »

Conclusion inspirée du grand poète Georges Brassens

La mienne, de conclusion, je vais l’emprunter à mon poète préféré :

  • « Monte-en-l’air, mon ami, que mon bien te profite !
    Ce que tu m’as volé, mon vieux, je te le donne!
    Et ne te crois surtout pas tenu de revenir.
    La moindre récidive abolirait le charme, laisse-moi, je t’en prie, sur un bon souvenir. »

Georges Brassens, Stances à un cambrioleur.

Domi, auteur de chroniques humoristiques

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