Errements et déambulations d’une bouteille jetée dans la mer des Caraïbes

16 février 2022 0 Par Domi MONTESINOS
Bouteille à la mer

Quel destin pour une bonne bouteille jetée à la mer à Antigua?

Les alizés « ordinaires » la pousseront vers l’ouest, mais pas forcément…


Les déambulations d’une bonne bouteille jetée à la mer depuis l’arc antillais allaient ordinairement l’échouer chez leurs voisins, mais jamais à Mamitupu!

Les conditions de vie des habitants de Mamitupu n’ont que très peu évoluées depuis des décennies séculaires… c’est vous dire la rudesse de leurs existences et la rareté des séance de « poilade ».

Cependant, un jour que la lune était pleine, la chance vira de bord.
Une brave petite indigène, accomplissant sa quotidienne donation à Dame nature, trouva une bonne bouteille à la mer qui venait de faire côte à ses pieds!
Elle était la fille d’un indien Kuna et loin d’être une Kunasse ordinaire…
C’était même une personne fort instruite qui lisait et comprenait parfaitement le français.

Mais, comment se peut-ce ?

J’y viens.
Il se trouve qu’un navigateur français qui chartérisait dans le quartier, il y a de ça quelques années, fit malencontreusement naufrage en ces contrées lointaines.

La pauvre môme n’était encore qu’un petit enfant.

Même pas sevrée, elle n’avait déjà plus de papa.
Le bonhomme avait été dévoré, moitié par un requin et l’autre partie par un crocodile.
Ce drame s’était produit un jour qu’il se rendait à la forêt, à bord de son cayuco, en vue d’y procéder à la cueillette de plantes médicinales à cinq feuilles qui prolifèrent là en toute simplicité.
Tout le monde sait combien sont dangereuses ces expéditions…

La maman de la petite qui n’était pas spécialement timide, recueillit le misérable naufragé.
Tant bien que mal, elle parvint à le nourrir, au sein, car elle était très pauvre, mais pas mal tétonnée.
L’homme reconnaissant (on le serait à moins…) décida de rester et de se rendre utile.
Ce qui permit bientôt à l’enfant d’accéder aux subtilités de la langue de Molière d’aujourd’hui.

Et alors, dans cette bonne bouteille à la mer, il y avait quoi?

Bref, que découvrit la demoiselle à l’intérieur du bocal en verre, dont l’étiquette « Père Labat 59° » disparaissait sous les berniques, les anémones de mer et les crottes de raies léopard?
Eh, bien, c’était la recette du fameux grog « spécial anti-covid » qui se trouve à la disposition du public dans ce site, à la rubrique au titre troublant tout autant qu’évocateur:
« Un remède de grand-père ».

Mes lectrices connaissent la recette et mes lecteurs, le goût, mais pas les indiens Kuna…

La jeune femme en dévora le contenu épistolaire avec avidité, avant de s’effondrer, éclatant en sanglots longs et monotones… en plein été.
Inconsolable, elle ne parvenait pas du tout à endiguer le flot de larmes qui dégoulinait sur son immense désespoir pour la soif.
Ce qui se conçoit aisément…

Le désespoir causé par cette bonne bouteille à la mer…

Les effets du vilain virus n’étant toujours pas maîtrisés, en dépit de dix-neuf mois de confinement, Yolanda (c’est son nom…) venait de comprendre l’étendue de son infortune.

Logiquement elle aurait dû se réjouir puisqu’elle venait d’entrer en possession du secret de l’exacte composition de l’élixir miraculeux…

Mieux, la plupart des ingrédients de la fameuse potion en étaient plus ou moins facilement disponibles au Kuna Yala et ailleurs…

Sauf, sauf… et c’est précisément là que naissait son légitime désespoir :
comment pouvait-elle espérer se procurer, ne serait-ce que quelques gouttes, de ce magistral et indispensable «lambic breizh », plus connu en Gaule orientale sous le vocable poétique et mystérieux de « Goutte à Hubert » ?

Même chez les plus proches amis d’Hub’uch (c’est le surnom du Monsieur lambic…),
même chez ses plus aimants beaux-frères,
le produit était devenu d’une rareté exceptionnelle.

Histoire humoristique et délirante au sujet d’un élixir fabuleux: la goutte à Hubert

Tout ça à cause d’un excentrique professeur marseillais que je me garderais bien de citer car il ne m’a rien promis en échange…
Additionné à la bonne vieille nivaquine, universellement usitée et dont il était, lui-même très friand, il en avait fait un produit d’immunisation universel que le monde entier s’arrachait depuis de nombreux mois…
Un véritable sirop magique!
D’où, pénurie et donc, impossibilité pour la jeune femme de faire fortune avec sa nouvelle recette…
Alors, c’est pas ballot, ça?

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