Comment changer le bébé rapidement et avec humour
Les toilettes de restaurants sont parfois le théâtre de réflexions inattendues générées par tel ou tel détail original tout autant qu’incongru.
Après un déjeuner ordinaire dans une charmante crêperie de Saint Pol de Léon (la très fameuse patrie de l’artichaut), voici qu’une légitime envie d’uriner dirige mes pas vers le local prévu à cet effet.
Un lieu solitaire propice au soulagement
J’entre.
Debout, face au bocal de porcelaine, j’adopte rapidement la posture un peu ridicule de celui qui « attend que ça vienne ». Et puis, mon regard vagabonde nonchalamment sur les détails d’ameublement et de décoration qui m’environnent.
Traditionnellement, dans cet espace de liberté contenue et de verbiage limité, la bouche se tait pour laisser d’autres parties de nos anatomies s’exprimer en paix…
Une recommandation inattendue
Soudain, devant mes yeux raisonnablement ébahis, une manière de boite parallélépipédique, plaquée au mur, attire mon attention par cette pancarte improbable : « Changer le bébé » !
« Changer le bébé » ! Je rêve.
Ainsi donc, ici, celui qui s’estime insatisfait de son rejeton pourrait se le faire reprendre afin de l’échanger contre un modèle plus seyant ! Et ce, pour quelque motif que ce soit, qu’il s’agisse de ses pleurs incessants, de ses cris stridents ou de sa tronche de cake…
Je pensais la chose impossible…
Je remets rapidement en lieu sûr l’objet de ma présence en ce réduit, bien au chaud du coté gauche du slip, vu que je porte à gauche (logique implacable…). Puis je me précipite vers le comptoir avec un enthousiasme peu coutumier chez quelqu’un qui sort des latrines.
Voyons cela avec la patronne
« Madame, je viens de prendre connaissance de votre annonce “changer le bébé” et je dois vous confesser que cette proposition m’intéresse au plus haut point ».
Donc, si j’ai bien compris, vous seriez d’accord de récupérer le petit crétin qui m’empêche de dormir toutes les nuits pour m’en fournir un modèle plus silencieux à la place ? C’est ça ? »
« Pas du tout » rétorque la dame
« Je peux effectivement vous débarrasser de votre lardon frelaté, mais je vous l’échange contre son poids en artichauts de chez mon beau-frère qu’est agriculteur. C’est à prendre ou à laisser ! »
Ah, le troc ! Il n’y a que ça de vrai…
Domi Montésinos
auteur de divagations littéraires
PS: toute ressemblance avec des établissements de restauration existants ou ayant eu l’intention d’essayer d’exister serait purement invraisemblable et tellement peu probable que je n’y pense même pas.
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