Barbuda se relève doucement après Irma

Barbuda se relève doucement après Irma

20 février 2020 5 Par Domi MONTESINOS

Comment va la nature à Barbuda en 2020?
Comment se passe la convalescence après le passage du cyclone Irma?

Hôtel dévasté par Irma

Arrivée en pleine nature à Cocoa beach

Posée sur un plateau turquoise, la Lady (lire « La Belle et le bouchon gras »)
fait face à un ruban rectiligne doré qui file jusqu’ à l’horizon.
Un bandeau vert composé d’arbustes et de rares cocotiers sépare cette ligne éclatante du bleu pâle d’un ciel alourdi de modestes cumulus.

Un alizé de saison saupoudre l’onde, d’un aveuglant scintillement et de flocons cotonneux.

Le célèbre guide nautique Patuelli, habituellement si juste dans ses descriptions littorales se retrouve ici totalement dans l’erreur, malgré lui.
Le palace «Coco Point Lodge » a laissé place à des tentes de toile… et à un chantier où la morosité grisâtre du béton le dispute à la rectitude inquiétante des tiges d’acier érigées comme autant de flèches en attente du prochain génocide.
Là-bas, à la pointe sud, un groupe de fans de kitesurf tient en laisse leurs papillons multicolores qui semblent chercher à tutoyer les nuages.

Irma a provoqué une véritable hécatombe sur la nature

Il y a moins de trois ans, l’interminable plage de sable blanc accueillait quelques gargotes bistrotières, ainsi que les modestes « cases » logeant leur personnel en pleine nature.

Puis Irma est passée faire son monstrueux ménage, laissant derrière elle un territoire ravagé.
Rien n’est resté debout.
Trente mois plus tard, les vestiges d’établissements hôteliers plutôt cossus gisent encore à même le sable, tas de poteaux désarticulés coiffés de toitures, en général déglinguées, mais parfois presque intégrales.

Des dommages monstrueux sur le corail à Barbuda suite au passage d’Irma

Une profusion de massifs madréporiques exubérants enrichissait la nature dans la majeure partie du littoral.
Elle offrait à Barbuda une flore et une faune sous-marines exceptionnelles.
En quelques heures, à peine, Irma massacrait tout ça.

Je me souviens des paroles de notre ami Loïc, directeur de recherche dans un laboratoire de Papeete et grand spécialiste de ces questions.
Il nous confiait que les prédateurs principaux du corail et de la vie sous-marine côtière sont incontestablement les éléments naturels. En particulier les ouragans.

Non, ce ne sont pas les navigateurs de passage qui détruisent le corail

Les quelques vagabonds des îles qui y déposent leurs ancres, sans malice, et qui sont, bien souvent, des individus respectueux de la nature, arrivent bien loin derrière.
Le fallacieux prétexte que l’on voit de plus en plus souvent opposer aux navigateurs plaisanciers n’a, sans aucun doute, pour unique objet d’instaurer une manière de racket légal.
Lequel permet de ponctionner encore et encore un petit groupe de gens qui le sont déjà abondamment.

Prudence racket sournois dans le sud d’Antigua..

Dans un autre ordre d’idée, il me revient en mémoire une triste anecdote .
Il existe, dans l’île voisine du sud d’Antigua, une brigade d’individus, redoutables prédateurs déguisés, qui rôdent sournoisement dans les eaux abritées du Grand cul-de-sac marin.
Leur « mission » consiste à s’approcher au plus près de chaque bateau immobilisé par sa propre ancre.
Ceci de manière à « inspecter » si la « pelle » est bien posée au milieu d’une zone exclusivement sableuse.
Lorsque ce n’est pas le cas, ces justiciers sont prêts à dégainer illico le carnet à souche de manière à verbaliser, séance tenante, le dangereux contrevenant qui pourrait avoir piétiné un ou deux mètres carrés d’herbe à tortue…
Exaction majeure s’il en est.

Barbuda en 2020, belles plages et corail en repousse

Mais, revenons à Barbuda la dévastée, comment y va la nature?
Actuellement, les amateurs de belles plages et d’eau turquoise y sont comblés, autant qu’avant la catastrophe. Par contre, question « snorkelling », c’est un peu la misère.

L’eau y est souvent trouble. Et les massifs de corail mort, gris et terne, n’abritent plus que quelques petits poissons erratiques. Bien sûr, la vie a commencé à reprendre le dessus. Et le corail neuf a refait son apparition, colonisant petit à petit les « patates » mortes. Ce qui permet d’accueillir les poissons-perroquets et autres espèces de « brouteurs » qui s’épanouissent dans ce type d’environnement.
De même, côté « plancher des vaches », de petits troupeaux d’ânes sauvages côtoient les quelques courageux humains qui ont bien entamé la réhabilitation de leur île.

Le bar de la plage

Ainsi, dans Cocoa beach, au lieu-dit « Princess Diana beach », Inoch a reconstruit un sympathique bar de plage. Plutôt sommaire pour le moment, mais déjà bien convivial.
Par contre, le coquet hôtel qui meublait si bien l’interminable plage de Low Bay, sur la côte ouest, s’est trouvé privé de fondation par la tempête.
Alors, il s’est, en grande partie, écroulé sur lui-même, lors du percement de l’isthme par les vagues furieuses et gigantesques. Drôle d’idée, tout de même, que d’ériger un si cossu bâtiment sur du sable…

Cocoa point lodge, camping haut de gamme en pleine nature…

Quand au Coco Point lodge, bien qu’hébergeant sa clientèle rescapée à la mode touareg, ses conditions d’accès n’en sont pas moins restées très « haut de gamme ».
Son hydravion amerrit en pleine nature, devant sa plage et s’amarre à sa bouée. Arrive alors un « tender » ultramoderne, formes anguleuses et moteur hors-bord énorme. Il vient s’amarrer à couple d’un flotteur, afin de procéder à l’embarquement des passagers et de leurs bagages.
Jusque-là, rien que de très commun…

Débarquement à pieds secs en dinghy amphibie sur Barbuda

Mais la suite est plus originale. L’embarcation appareille bientôt en direction de la plage qui ourle de jolis rouleaux blancs d’écume sur l’estran.
« Va y avoir du spectacle » se dit le promeneur qui s’arrête pour n’en rien perdre.
S’approchant doucement de la zone houleuse, le « magic tender » déploie alors deux chenilles sous-marines.
Alors, on peut voir le canote, son équipage et ses passagers, grimper chaotiquement sur la plage.
Puis, venir s’immobiliser, bien à plat, à proximité du bar !
Et là, son étrave s’ouvre, bascule et laisse passage aux clients fortunés.
Débarquant à pieds secs, ils arborent nonchalamment l’air détaché de ceux qui pensent : « Ben quoi ? Qu’est-ce qu’ils ont à nous dévisager comme ça ces pégreleux ? ».

Alors, comment se porte la nature à Barbuda en 2020?

Disons que la convalescence se poursuit…
Et qu’il fait déjà bon y faire escale.

Domi auteur de voyages lointains

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